Avec l’été et les congés qui approchent, on a tous envie de profiter de son temps pour s’adonner à des occupations que l’on aime. La lecture peut en être une.
Voici quelques romans, plus ou moins récents, plus ou moins connus, mais tous de grande qualité, à glisser dans sa valise et à lire ou à relire.
Tous racontent des histoires où le savoir-faire des artisans s’entremêlent avec des parcours de vie parfois sur des siècles.
Bonne lecture !
La dentellière d’Alençon

Robert Laffont/1984
Dans ce roman, l’auteur nous transporte à l’époque de Louis XIV, dans le monde très fermé de la fabrication de la dentelle. A Alençon en 1665, Gilonne, une petite fille de cinq ans à peine, entre pour 10 ans en apprentissage de dentelle. Sa main tremble. Elle craint de casser son fil ou de perdre son aiguille. Seule, face à mille terreurs, elle entrelace ses rêves et ses fils. Les années passent… Dans une époque d’effroyable intolérance religieuse, Alençon, vaste atelier de ” point de France “, est aussi l’un des bastions normands du protestantisme, et la répression royale s’abat sur la communauté huguenote.
Ce merveilleux roman, à lire ou à relire, combine l’histoire d’une femme d’exception, un tableau exact de la vie à Alençon au XVIIe siècle et une célébration de l’art délicat de la dentelle.
Les dames du Faubourg

Gallimard/ 1987
Dans cette trilogie. Jean Diwo raconte le fabuleux roman du Faubourg Saint-Antoine, grande artère parisienne dont les habitants forment depuis Louis XI une chaîne ininterrompue, soudée par l’amour du bois, matériau noble et magique.
Dans le premier tome, « Les dames du Faubourg », il tisse le récit de la vie pleine, généreuse, souvent aventureuse des abbesses de Saint-Antoine-des-Champs et de leurs amis et protégés, les compagnons du bois, descendants des bâtisseurs de cathédrales.
Le second tome, « Le lit d’acajou » nous nous plonge dans l’été 1789 lorsque la fin de l’Ancien Régime frappe douloureusement le monde des ébénistes dont Les Dames du Faubourg avait conté la naissance. Passent la Révolution, puis le Consulat, arrivent l’Empire et les nouvelles générations. Au travers d’une myriade de personnages, anciens et nouveaux Jean Diwo fait revivre dans ce second tome trente années de l’épopée de la vieille communauté du meuble qu’ils soient ébénistes, menuisiers ciseleurs ou doreurs de bois…
« Le génie de la Bastille », troisième volet de la trilogie débute en juillet 1831, lors de la pose la première pierre de la colonne de Juillet et enjambe les épisodes sanglants et dramatiques des révoltes sociales de 1830 et 1848 en passant par ceux de la Commune de Paris. Les nouvelles générations de cette saga familiale nous font traverser la monarchie de Juillet, le Second Empire et la 3e République. Le roman nous fait enfin fleurter avec la Belle Époque pour se terminer en apothéose avec l’épanouissement de l’Art déco des années 1920 et l’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes de 1925.
Le passeur de lumière

Gallimard/ 1995
Bernard Tirtiaux est maître-verrier mais aussi écrivain. Son roman est un hommage au savoir-faire et à la sensibilité des maîtres verriers, en même temps qu’une ode poétique à la couleur et à la lumière : Au XIIe siècle, suivez le destin tumultueux de Nivard de Chassepierre dans sa quête du vitrail absolu, entre Occident et Orient. A l’heure des grands bâtisseurs de cathédrales, ce passionné infatigable exerce son art en Bavière comme à Saint-Denis, au Mans comme à Chartres… La quête insatiable de ce “passeur de lumière” est celle d’un artisan sublime, oscillant sans cesse entre luminosité et ombre, recherche de la couleur parfaite et translucidité du verre, élevant l’art du vitrail à un niveau de quasi perfection.
Un roman merveilleux qui vous fera regarder différemment les vitraux des cathédrales.
Le brodeur de Pont l’Abbé

Pocket/2000
1905. Pont-l’Abbé, en sud Finistère. Yann, tailleur, ne veut pas poursuivre le métier de son père mais veut peindre. Lui qui a toujours rêvé de papier, de pinceaux et de couleurs découvre avec passion la broderie sur drap. Il sera donc peintre, mais avec des fils et des aiguilles, c’est à dire brodeur ! Lorsqu’il croise le regard d’Hélène, le destin de Yann, dernier brodeur traditionnel du pays bigouden au début du XXe siècle bascule.
On retrouve au fil des pages de ce roman les couleurs chatoyantes et les points de broderie qui agrémentaient les habits traditionnels des Pont-l’Abbistes et l’enrichissement progressif des vêtements bigouden : Les broderies, pour les hommes comme pour les femmes sont un jeu de courbes, de cercles et de spirales qui se répondent sur le plastron des gilets, au bas des manches, au dos des vestes, dans des couleurs éclatantes, jaune d’or, orange fort et rouge vif, qui resplendissent comme mille soleils sur les étoffes de couleur noire.
Pastel

Gallimard/ 2001
Ce roman raconte l’histoire d’une guerre. Celle qui, au milieu du XVe siècle, en Albigeois, se fait s’affronter deux clans de compagnons teinturiers : celui de l’écarlate et celui du bleu : Simon est compagnon dans l’atelier de teinture de son père où, selon l’usage du temps, l’artisan ne pratique qu’une seule couleur : le rouge. Mais Simon fait la connaissance d’un riche marchand de pastel, qui l’initie au bleu. Cette rencontre et l’appel mystérieux ressenti devant une madone peinte d’azur persuadent le compagnon d’abandonner les cuves familiales pour se lancer dans la teinture au bleu de pastel. Entre hostilité et confrontations, tout n’est pas rose au pays de cocagne. Ce roman, véritable promenade colorée est à découvrir pour tous ceux qui aiment la vie en couleur !
La gantière

Editions du Rouergue/ 2010
A travers la destinée d’Alice, ce roman raconte la vie des gantiers depuis les chevalets à broder de la Belle Epoque jusqu’aux défilés de mode des années 1990 : En 1908, Alice a 18 ans lorsqu’elle est renvoyée des caves de Roquefort pour avoir participé à une grève. Elle devient alors piqueuse de gants dans une usine de Millau. La jeune femme ne se satisfait pas de son sort et part pour New York où sont installés des gantiers millavois. Elle y rencontre Octave, jeune coupeur de peau, tout aussi décidé qu’elle à sortir de sa condition et à devenir patron. De retour à Millau en 1913, ils se marient et ouvrent un atelier à Millau : Octave taille les peaux, Alice dessine les modèles. Après les années sombres de la Grande Guerre, la réussite leur sourit : ils s’imposent dans le Midi, à Paris et même en Amérique.
Dans cette saga florissante où la gantière Alice devient à la force du poignet, patronne d’une maison réputée de Millau, le lecteur croise couturières coquettes et coupeurs élégants, patrons aux idées sociales avancées et briseurs de grèves tout en (re) découvrant les métiers, les figures, les traditions d’une industrie jadis florissante.
La relieuse du gué

Gaîa éditions/ 2010
Mathilde délaisse une carrière prometteuse de diplomate pour ouvrir un atelier de reliure dans un village de Dordogne. De par son métier, cuirs, fibres de bois, feuilles d’or et pigments accompagnent le quotidien de la jeune femme qui restaure avec passion et minutie les ouvrages qu’on lui confie.
Un matin, un homme mystérieux frappe à la porte de l’atelier du gué pour confier à Mathilde la rénovation d’un livre ancien, une curiosité. Comment résister à la tentation de plonger dans ce mystérieux ouvrage relié à l’allemande, offrant des dessins représentant un fanum, antique lieu de culte gallo-romain, et dissimulant dans sa reliure une liste de noms à l’origine inconnue ?
La relieuse du gué est un roman façonné pour tous les amoureux du livre.
La brodeuse de Winchester

La Table ronde/ 2020
Winchester, 1932. Violet, dactylo de trente-huit ans, fait partie de ces millions de femmes restées célibataires depuis que la guerre a décimé toute une génération de fiancés potentiels. Méprisées dans les journaux, tolérées par les familles malgré une condescendance exaspérée, elles vivent à une époque où les attentes de la société quant à l’avenir des femmes sont des plus rigides.
En quittant une mère acariâtre, Violet espère prendre son envol, mais son maigre salaire lui permet peu de plaisirs et son célibat lui attire plus de mépris que d’amis. Jusqu’au jour où, entrant dans la cathédrale, elle découvre un cercle de brodeuses occupées à confectionner des coussins et agenouilloirs. Violet, qui n’est pourtant pas particulièrement douée pour la couture, trouvera dans cet univers amitié et soutien, avant de tomber sous le charme d’Arthur, sonneur de cloches, qui lui dévoilera les coulisses de cet autre cercle vivant dans l’ombre de la cathédrale.
Un roman exquis à l’ambiance très britannique.
Le voleur de plumes

Editions Marchialy/2020
L’auteur nous raconte comment au 18ème et au 19ème siècle de nombreux scientifiques explorateurs, dont un certain Wallace, sillonnèrent la planète et ses forêts inaccessibles pour y découvrir des espèces animales inconnues afin d’améliorer les connaissances sur la théorie de l’évolution. Des milliers d’oiseaux tous plus beaux les uns que les autres furent prélevés, étudiés puis stockés dans les armoires des grands Muséums. Dans le sillage des scientifiques naviguaient une multitude de chasseurs qui alimentaient l’industrie des chapeaux à plumes et autres tutus des danseuses de cabarets, jusqu’au début du 20ème siècle quand les oiseaux décimés devinrent rares et que des lois interdirent leur commerce. On pensait alors les beaux oiseaux sauvés, mais c’était sans compter sur les pêcheurs à la mouche, nostalgiques des somptueuses mouches anciennes fabriquées à partir de plumes exceptionnelles. Parmi eux Edwin, jeune musicien destiné à une brillante carrière et virtuose du montage de mouches, qui en 2009, pour se fournir en plumes rares, cambriole la réserve d’un Muséum d’histoire naturelle.
C’est après avoir entendu parler de cette histoire vraie que commence pour l’auteur une enquête passionnante à la recherche de ces plumes disparues, nous plongeant dans un récit foisonnant où se mêlent histoire, aventures, explorateurs, questionnant parallèlement notre obsession pour la beauté et notre désir de la posséder, à n’importe quel prix.
La fileuse de verre

La table ronde/2024
Au XVème siècle à Murano, derrière les portes des ateliers, maestros et apprentis domptent le verre dans le secret d’un art non accessible aux femmes. Pourtant, en1486, pour sauver sa famille de la ruine, Orsola Rosso apprend avec patience et perspicacité la fabrication des perles de verre. Elle façonne en secret ses créations qui se doivent d’être parfaites pour être acceptées par ses pairs.
Dans un temps qui s’écoule telle une pierre ricochant sur l’eau, et tandis qu’elle affute son savoir-faire, le récit traverse les siècles tandis que se succèdent guerres, épidémies, amours et deuils.
Ce roman, véritable épopée historique nous transporte grâce à une construction narrative ingénieuse à Murano, mais aussi à Venise dans un univers foisonnant où les descriptions du travail du verre côtoient la transformation de la matière dans un ballet incessant où il est question de luminosité, de transparence et d’harmonie des couleurs.
Un merveilleux récit à lire absolument !