Graver le verre…quelle drôle d’idée !

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  • Publication publiée :7 mai 2023

Du cristallo vénitien au cristal de Bohême

Si la gravure sur verre est pratiquée depuis l’Antiquité, les productions les plus remarquables remontent au XVIème siècle.

Jusqu’au XVème siècle, les artisans produisent des verres translucides dont les reflets oscillent entre le jaune grisé, le vert et le bleu. C’est au maître verrier italien Angelo Barrovier que l’on doit la mise au point du premier verre transparent. Cette découverte est le fruit de sa rencontre avec le célèbre alchimiste, Paolo da Pergola : A la demande de la communauté de Murano, tous deux parviennent à purifier les cendres sodiques, à perfectionner le processus de fusion et à améliorer les propriétés colorantes de plusieurs oxydes métalliques. C’est ainsi qu’aux alentours de 1445 leurs travaux aboutissent à l’obtention d’un verre qui amorce une révolution de taille : celle du « Cristal de Venise ». Le résultat obtenu est en effet saisissant : incolore, transparent et d’une extrême finesse, le produit est tellement malléable que l’artisan peut lui donner les formes les plus délicates. Cette plasticité, qualité première de ce verre raffiné en est aussi le point faible puisque, contrairement au cristal de roche, il s’avère très difficile à graver. Cependant, sa pureté suscite une telle admiration que les grands d’Italie et d’Europe s’arrachent cette production luxueuse. Chacun veut pouvoir exhiber sur sa table une carafe ou des verres en délicat cristallo vénitien. La verrerie vénitienne se transforme alors en une telle source financière pour la ville que les pouvoirs politiques en protègent bec et ongles le secret de fabrication : Divulguer ou emporter ce savoir-faire à l’étranger est punissable de bannissement, voire de mort.

Coupe nuptiale de Barovier. /moitié du XVe siècle. Verre bleu émaillé et émaux polychromes

Naturellement une telle découverte attise curiosité et convoitises. Les verriers d’Europe de l’Ouest essayent d’en percer le secret, d’autant que quelques artisans vénitiens, malgré les interdictions, quittent la cité, permettant peu à peu au procédé bien gardé de franchir les Alpes. C’est ainsi que dès le XVIème siècle l’art vénitien se propage en Europe centrale et en Bohême. Dans la région d’Innsbruck au sud du Tyrol et dans celle de Nuremberg, foyer actif de la Renaissance, les artisans apprennent à travailler « à la façon de Venise ».

Mais c’est dans la forêt de Bohême, particulièrement riche en manufactures, qu’à la fin du XVIème siècle des verriers passionnés obtiennent une qualité de verre conforme à celle de Venise, et travaillent les formes dans l’esprit de la Sérénissime.

C’est Rodolphe II, Empereur du Saint Empire germanique (1576-1612) roi de Bohême, de Hongrie et de Croatie, protecteur des arts et des sciences, qui jouera un rôle essentiel dans l’histoire du verre et des verriers de Bohême. S’avisant des qualités exceptionnelles, tant par sa dureté que par sa brillance du verre produit dans les forêts situées au nord et à l’ouest de son royaume, il s’entoure de savants et d’artistes verriers pour créer un substitut au crystal de roche. Il fait venir de Milan deux tailleurs de crystal qui s’investissent dans l’aventure. Ceux-ci sont accompagnés de leur élève Gaspard Lehmann qui invente un tour à roue manœuvrable au pied, qui constituera une véritable avancée technique pour la gravure de la matière. Ce progrès associé aux qualités artistiques des graveurs tchèques permet dès la fin du XVIIème siècle au « cristal tchèque » d’atteindre une renommée mondiale. Grâce à ce verre d’une fascinante pureté en même temps que très solide, la Bohême va peu à peu surpasser Venise et proposer aux cours princières de fabuleuses créations aux motifs baroques.

Détail d’un portrait gravé sur verre de Christian II prince électeur de Saxe / Gaspar Lehman Musée des arts décoratifs de Prague

Le cristal au plomb : une révolution britannique

A la fin du XVIIème siècle, l’invention anglaise du cristal au plomb ouvre une nouvelle ère. La luminosité obtenue et jusque-là jamais égalée permet des créations exceptionnelles. Profitant d’autre part de leurs excellentes relations avec leurs homologues des Pays-Bas, les producteurs de cristal envoient leurs verres non décorés à Liège et Namur pour la taille, puis aux Provinces Unies pour la gravure. Par cette organisation, le cristal anglais s’implante sur le continent pour rapidement s’y imposer, surpassant en quelques années Venise et la Bohême. Dans un contexte industriel en pleine expansion, les échanges commerciaux britanniques se diversifient. L’Angleterre va dès lors exporter ses productions verrières en direction de l’Europe, mais également de la Russie, de l’Orient et de l’Inde.

C’est au XVIIIème siècle que le cristal anglais atteint le nord de la France où les artisans de la verrerie royale de Müntzthal en percent le secret de fabrication (1781).  Rebaptisée Cristallerie de Saint Louis, la manufacture se consacre à partir de 1829 à la seule production de pièces de cristal.  

Les origines du cristal de Baccarat remontent quant à elles aux années 1760, lorsque Louis XV soutient la création d’une verrerie artistique à Baccarat en Lorraine, où seront fabriqués toutes sortes de verres et de miroirs. C’est en 1816 que la verrerie se transforme en une cristallerie innovante. Dès 1823, elle remporte des médailles récompensant des productions d’une qualité sans égal. Lors de l’Exposition nationale du produit de l’industrie Française de 1827, la maison Baccarat présente les premiers éléments de lustrerie en cristal. Aujourd’hui encore, cette institution est considérée comme la référence du cristal en Europe. Que celui-ci soit taillé ou gravé, il est toujours à l’origine de pièces d’exception et s’impose comme la référence en matière de luxe et de sophistication.

Manufacture de Baccarat/ XIXème siècle

XIXème et XXème siècle : Les temps modernes

Si les guerres prusso-autrichiennes et napoléoniennes provoquent à la charnière des XVIIIème et XIXème siècle un certain déclin de l’art verrier, la gravure résiste, en particulier au nord de la Bohême, grâce à des artistes comme Doninik Bimann ou Ludvik Lobmeyr.

Le XIXeme siècle, grand siècle des expositions universelles, fera la part belle aux arts décoratifs, leur offrant l’occasion de présenter des découvertes en matière de qualité de travail et de résultats inattendus. Dans un environnement constitué d’empires politiques, coloniaux et industriels naissants, ces expositions planétaires représentent un véritable espace d’émulation et de création pour tous les industriels, que sauront également saisir les cristalleries.

Globe terrestre en cristal soufflé, taillé et gravé. 1818/Cristallerie de Saint- Louis (Moselle)/ Coll. Cristallerie de Saint-Louis/ Livre « Histoire du verre ». P. Ennes

L’Art nouveau : Le temps des créateurs

Au milieu du XIXème siècle, l’inventivité dans le milieu de la cristallerie est à bout de souffle. Toutes les techniques et moyens d’expression ont été déclinés, copiés, provoquant une absence de créativité dans l’Europe tout entière.

Il faudra attendre le dernier tiers du siècle et l’Exposition universelle de Paris de 1878 pour voir poindre de nouvelles tendances : « Les irisations, les colorations, l’or chiné et craquelé, … les verres à deux ou trois couches, …, les émaux les plus fins et les plus épais, l’emploi simultané de la roue, de la pointe et de l’acide pour la gravure, … la multiplicité des moyens et des ressources dont dispose la fabrication du verre devient presque un sujet de stupéfaction… » (A.R de Liesville, Exposition universelle de 1878. Les Industries d’art. La céramique, la verrerie au Champ de Mars. Paris 1879)

En France, dans une période en plein « japonisme », trois grands noms vont sortir les verreries et les cristalleries de leur monotonie : Brocard, Rousseau et Gallé.

Philippe Joseph Brocard, autodidacte, collectionneur et restaurateur d’objets d’art parvient à mettre au point un verre parfaitement apte à recevoir des émaux durs et en relief, opaques ou translucides, à l’origine de puissants et riches effets décoratifs. S’inspirant des verreries syro- égyptiennes des XIIIe et XIVe siècles, ses créations surpasseront très vite les modèles dont il s’inspire.

Joseph Brocard. Bassin en verre soufflé, décor émaillé et doré, support original en poirier noirci/ © Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt

Eugène Rousseau, à l’origine marchand de faïence et de porcelaine se lance dans la verrerie et collabore avec plusieurs artistes (Eugène Michel, Alphonse Georges Reyen) pour graver toute une gamme de pièces d’un esprit très nouveau, travaillant sur la superposition de couches de nuances différentes.

Eugène Rousseau. Vase/entre 1875 et 1878.
Cristal, décor gravé à la roue, peint, émaillé et doré, ©RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) / Mathieu Rabeau

Emile Gallé, industriel, maître verrier, ébéniste et céramiste français amorce un tournant dans son œuvre verrière après avoir découvert le travail de Brocard et  de Rousseau. Emporté par son génie créateur, il ouvre sa cristallerie en 1894 et s’engouffre dans ce que l’on appellera l’Art Nouveau. En utilisant remarquablement la technique de la gravure à l’acide, puis à la roue et à la meule, Emile Gallé met en valeur les lignes stylisées de l’Art nouveau. D’autres artistes emblématiques de cette époque comme les frères Daum, fils d’un verrier de Nancy, lui emboiteront le pas.

En 1901, ces trois verriers renommés créent la très influente Ecole de Nancy dont Gallé prend la présidence, suppléé par Antonin Daum, l’ébéniste et décorateur Louis Majorelle et l’architecte et ébéniste Eugène Vallin.

Verre gravé / Ecole de Nancy.
© C. Monplaisi

Au début du XXème siècle, la gravure atteint son apogée grâce à des artistes issus de la grande école des Arts et Industries comme les tchèques Josef Drahoňovský (1877-1938), Jaroslav Horejec (1886-1983) ou la designeuse Ludvika Smrčková (1923-1983). De son côté, Daum réussit à renouveler son inspiration et ses techniques, le propulsant au niveau des grandes manufactures françaises de l’entre-deux-guerres.

Maurice Marinot, qui découvre le travail artisanal du verre à chaud par hasard en 1911, consacrera plus de vingt ans de sa vie à la création verrière. Considéré comme l’un des plus grands novateurs du XXème siècle dans cet art, il renouvelle la technique de l’émail peint avant d’inventer un nouvel usage de la gravure chimique à l’acide. Cette technique, utilisée à la fois comme un outil de gravure en profondeur et de sculpture, lui permet de creuser la surface de la matière tout en lui conservant sa limpidité. De ce travail sur la profondeur émergeront des verres gravés de larges surfaces à facettes stylisées et géométriques.

Au XXème siècle toujours, l’architecture s’adosse au travail du fer et du verre pour développer un nouveau type de décor à grande échelle : la réalisation de panneaux vitrés et de miroirs pour les restaurants, cafés, bateaux et trains de luxe. Pour ce faire, une nouvelle technique est utilisée : la gravure au jet de sable. Ce mode d’abrasion, breveté en 1870 par le chimiste américain Benjamin Tilghman permet de dépolir un espace ou de réaliser un décor à l’aide de pochoirs en métal, caoutchouc ou papier adhésif. La qualité du sable et la dureté du jet déterminent la profondeur de la gravure. Appliquée à des surfaces doublées, la méthode permet également d’obtenir des effets de camée.

Machine à sablage mobile

René Jules Lalique (1860-1945), maître verrier et bijoutier français reconnu comme l’un des créateurs de bijoux les plus importants de l’Art nouveau, s’intéresse rapidement au verre comme matière artistique, apprivoisant la liaison verre-métaux.

Premier à imaginer la commercialisation du parfum, emblème du luxe, dans un écrin aussi splendide qu’un flacon de verre prestigieux, il crée une pièce majestueuse en 1910 pour l’industriel René Coty et son parfum Ambre antique.  Après la Première Guerre mondiale, il se tourne vers l’Art déco, ouvrant la porte à la création esthétique d’objets usuels comme des vases, chandeliers, pendules, bouchons de radiateur de voitures, et s’oriente vers la décoration des wagons restaurants de l’Orient Express (1929) ou de la salle à manger des premières classes du paquebot Normandie (1936).

René Lalique. Flacon de parfum “Leurs Âmes”, 1913 / Coll. B. Gastaud/ Musée Laique/
https://www.musee-lalique.com/decouvrir/lalique-plus-quun-nom/rene-lalique

Après la seconde guerre mondiale, Le verre de Murano revient en force, avec les créations des maisons Barovier, (fondée en 1295 à Venise), Séguso, qui se consacre à l’art du verre de Murano depuis 1397 et Venini créée en 1921. En même temps, les manufactures scandinaves comme Kosta, Orrefors ou Littala, ou des créateurs tchèques comme Ludvila Smrckova signent la renaissance de la cristallerie.

Le renouveau du travail du verre s’accélère dès les années 1960 grâce à l’émergence de créateurs qui militent pour leur indépendance, mais également par l’introduction aux États Unis de l’enseignement du verre dans de nombreuses écoles d’art, d’artisanat et de design. C’est ainsi que le musée Corning ouvre ses portes au nord de l’État de New York en 1951. C’est le lieu le plus vaste au monde entièrement consacré au verre, à son art, ses techniques et son histoire. Le musée devient rapidement un pôle d’attraction touristique et pédagogique. En ouvrant des possibilités aux étudiants qui souhaitent se lancer dans le travail du verre, il participera à relancer la création artistique verrière dans tous les pays où celle-ci a conservé une étincelle  de vie.

Suspension cristal et laiton/ Maison Orrefor/ 1950

Le sang nouveau de la gravure sur verre française

Trois décennies plus tard, la création des années 1980 sera marquée par un nouvel intérêt de la part de la communauté internationale des designers dont l’italien Ettore Sottsass est une figure mythique.

En 1983, l’inauguration à Marseille du Centre international de recherche sur le verre et les arts plastiques (Cirva), qui place la création au cœur de son projet, invite des artistes et des designers à travailler le verre en totale liberté.

De nos jours, la France attire de plus en plus de créateurs intéressés par le travail du verre. C’est ainsi que dans le milieu artistique, il a su trouver sa place dans celui, plus vaste, de l’art contemporain et qu’il n’est pas rare de découvrir des œuvres en verre à la FIAC (Foire internationale d’art contemporain).

En France, des artisans d’art talentueux

D’autre part, la scène française est un exemple assez exceptionnel de reconnaissance de l’art verrier. Ecoles et centres de formation, galeries, lieux de conservation et de valorisation comme le musée des arts décoratifs (Paris) le musée du verre de Conches en Ouche, le musée-centre d’art du Verre (MCDAV) de
Carmaux, ou la Halle du verre de Claret maillent notre territoire. A cela s’ajoutent des lieux de création et de résidence, des associations, des syndicats (Ateliers d’art de France), etc.

Pas étonnant que des vocations naissent et que loin des productions industrielles aussi talentueuses soient-elles des artisans d’art, dans le secret de leurs ateliers travaillent le verre avec passion et habileté, créant jour après des jours des pièces souvent uniques, audacieuses et de toute beauté.

Ainsi en est-il de Pauline Roy, artisane graveuse qui, entre Paris et Aveyron crée des pièces uniques inspirée de la nature qui l’entoure, en célébrant avec délicatesse la beauté, la force et la fragilité.

Ou du maître verrier Adrian Colin, meilleur ouvrier de France qui, parallèlement à ses propres collections, collabore avec différents créateurs, designers et maisons du luxe. 

Tous ces artisans d’art, qui travaillent cette matière extraordinaire qu’est le verre, à partir de techniques héritées de siècles de pratiques et de découvertes, créent des pièces toutes plus merveilleuses les unes que les autres, se jouant de la lumière, des volumes, des couleurs et des nuances, pour nous proposer des œuvres dans lesquelles le regard se perd, illuminant le quotidien.

Vase. Gravure par sablage. Pauline Roy/ ©C.Monplaisi
https://paulineroygravures.com/

Des techniques bien rodées

La gravure est un procédé de décor du verre à froid qui consiste à graver superficiellement la surface d’un objet en verre par enlèvement de matière. Plusieurs procédés existent :

La gravure à la roue est la plus ancienne de ces techniques. Déjà connue durant l’Antiquité et fille de la gravure de pierres fines, elle est abondamment utilisée depuis le XVIème siècle, permettant de réaliser des œuvres de toute beauté.

Elle se pratique à l’aide de molettes abrasives constituées de cuivre, de plomb ou de pierre. De tailles diverses, celles-ci sont fixées sur un tour électrique. Le principe consiste à entailler le verre grâce à l’action combinée de la roue et d’une poudre abrasive comme la pierre ponce, la poudre d’émeri ou le carborundum (carbure de silicium). Pour éviter que le verre ne casse au cours de l’opération, un filet d’eau ou d’huile de lin est coulé entre la matière à graver et la roue.

La pièce à décorer étant présentée à la vitesse du tour, une grande dextérité et une véritable délicatesse dans le geste sont nécessaires à l’artisan, pour qu’au contact de la roue et de la poudre abrasive le décor émerge à la surface du verre.

La gravure à la pointe de diamant se pratique comme l’indique son nom à l’aide d’une pointe diamantée fixée à l’extrémité d’un stylet en métal ou d’une Dremel, sorte de crayon électrique.  Cette technique demande à la fois dextérité et précision.

Proche de cette méthode, la délicate et minutieuse technique de la gravure en pointillés utilise elle aussi un éclat de diamant comme outil. Il s’agit pour l’artisan graveur de frapper la pointe du diamant avec un marteau léger afin d’obtenir à la surface de la pièce les nuances et les reliefs souhaités.

Gravure à la main à l’aide d’un stylet et pointe de diamant. ©Pauline Roy/
https://paulineroygravures.com/

La gravure à l’acide, plébiscitée par les artistes de la période Art nouveau, permet d’obtenir des motifs en relief. La première étape de l’opération consiste à réaliser en négatif le dessin souhaité sur la pièce en verre et de l’enduire d’une base de bitume de Judée (résine fossile résistant à l’action de l’acide). Dans un second temps, le verre est plongé dans un bain d’acide fluorhydrique. Le décor sera obtenu par l’action directe de l’acide sur le verre, tandis que les parties protégées par le bitume de Judée échappent à la corrosion et demeurent transparentes. De ce délicat travail jaillira une subtile alliance entre verre poli et matière mate, de douces et délicates nuances émergeant des couches profondes du verre.

L’acide utilisé pour attaquer le verre dans son épaisseur et le dépolir sur sa surface est un produit extrêmement toxique par inhalation, contact avec la peau ou ingestion.  Son utilisation et son élimination sont donc très réglementées.

La gravure par sablage n’utilise quant à elle que des matériaux naturels. Elle consiste à projeter du sable ou du corindon (qui donne des résultats beaucoup plus précis) sous haute pression d’air comprimé à l’aide d’une buse ou d’un pistolet de sablage, afin d’attaquer plus ou moins profondément le verre et en dépolir la surface.

Comme avec l’acide, le verrier crée son motif à partir d’un pochoir. Celui-ci protégera les parties obturées qui resteront lisses, et fera émerger sur le reste du support une gravure fine, précise et profonde, ainsi que de surprenants effets et contrastes.

La gravure laser est une méthode beaucoup récente qui utilise un faisceau laser pour altérer la surface du verre. Par l’émission d’une chaleur élevée, le rayon pulvérise le verre, formant le motif final. C’est un procédé rapide et efficace, la matière étant éliminée à chaque impulsion.

Si les différentes méthodes de gravure ont évolué au fil des siècles dans le sillage de l’amélioration de la qualité du verre et de l’invention du cristal, l’artisan graveur, héritier de tous ces savoir-faire, est avant tout un véritable sculpteur.  Animé par la recherche perpétuelle de la transformation de la matière en un objet unique traversé par la lumière, il met tout son savoir-faire et sa passion au service de la création de motifs toujours plus finement travaillés. Le fruit de son travail et de son imagination, irradiés par des jeux de lumière savamment orchestrés, s’offre alors à notre regard ébloui par tant de beauté.

Pauline Roy/ © Julien Claessens & Thomas Deschamps/
https://paulineroygravures.com/

Un immense merci à Pauline Roy pour m’avoir permis de puiser largement dans son site internet pour illustrer cet article de ses époustouflantes créations. Pour découvrir son merveilleux travail: https://paulineroygravures.com

Pour aller plus loin:

https://www.musees-troyes.com/

https://www.saint-louis.com/

https://www.musee-orsay.fr/fr

Histoire du verre. L’aube des temps modernes. 1453-1672 . Jacqueline Bellanger/ Massin éditions

Histoire du verre. Au carrefour de l’art et de l’industrie. Le XIXème siècle. Pierre Ennès/ Massin éditions